Depuis l’arrêt de son engagement au Mans, le département Audi sport a du temps a consacrer au développement de nouvelles formules de promotion. La radicale RS3 LMS s’inscrit ainsi dans le programme « Customer Racing », pour tous ceux qui souhaitent s’essayer au pilotage d’une vraie voiture de course. Une rareté dont nous avons pu prendre le volant !
En bref
RS3 LMS développée pour le Championnat TCR
Moteur : 4 cyl. 2.0 TFSI de 330 ch
Performances : 0 à 100 km/h en 4,5 sec -240 km/h
Prix : 99 000 € HT (à partir de, en version Club Sport)
J’avoue avoir toujours un peu de mal à digérer le retrait précipité d’Audi en LMP1. En tant que passionné indécrottable, je suis retourné aux 24 H du Mans cet été, et il y avait comme un grand vide. En guise de lot de consolation, Audi sport n’a entre-temps pas chômé au point de s’engager dans 7 programmes de compétition, dont la Formula E, le DTM, le World RX, mais aussi en GT3, GT4, TT Cup et au Championnat TCR. C’est précisément cette dernière discipline apparue en 2015, semblable au Championnat de voiture de tourisme, qui nous intéresse dans le cas présent. Corolaire direct, Audi sport a conçu une voiture spécifique, proposée en « Customer Racing », c’est-à-dire « compétition-client » dans la langue de Molière. Dévoilée en avant-première au Mondial de Paris en octobre 2016, la RS3 LMS a de quoi impressionner. Je la découvre enfin « pour de vrai », non plus sous les spots d’un salon mais dans son élément naturel, en l’occurrence sur l’asphalte du sublime circuit du Paul Ricard, qui va de nouveau accueillir le Grand Prix de France de Formule 1. J’avoue avoir toujours un peu de mal à digérer le retrait précipité d’Audi en LMP1. En tant que passionné indécrottable, je suis retourné aux 24 H du Mans cet été, et il y avait comme un grand vide. En guise de lot de consolation, Audi sport n’a entre-temps pas chômé au point de s’engager dans 7 programmes de compétition, dont la Formula E, le DTM, le World RX, mais aussi en GT3, GT4, TT Cup et au Championnat TCR. C’est précisément cette dernière discipline apparue en 2015, semblable au Championnat de voiture de tourisme, qui nous intéresse dans le cas présent. Corolaire direct, Audi sport a conçu une voiture spécifique, proposée en « Customer Racing », c’est-à-dire « compétition-client » dans la langue de Molière. Dévoilée en avant-première au Mondial de Paris en octobre 2016, la RS3 LMS a de quoi impressionner. Je la découvre enfin « pour de vrai », non plus sous les spots d’un salon mais dans son élément naturel, en l’occurrence sur l’asphalte du sublime circuit du Paul Ricard, qui va de nouveau accueillir le Grand Prix de France de Formule 1.
Il aurait été logique que cette RS3 très spéciale hérite de la coque de la Sportback, mais contre toute attente, c’est la caisse de la berline qui a été retenue, cette dernière offrant une meilleure aérodynamique. Rassurez-vous : on est aux antipodes de la « berline à papa » ! Avec ses voies ultra-larges, son spoiler « pelle à tarte » et son gros aileron flanqué sur le coffre destiné à donner un maximum d’appui (100 kg environ), cette très méchante RS3 LMS genre « rase-bitume », prend des faux-airs de Batmobile ! Et j’ai beau enfiler une combinaison Audi sport, mettre mes gants, un casque intégral avec le Hans (Head And Neck Support), cet habit de lumière ne fait pas pour autant de moi un Bruce Wayne qui va se métamorphoser subitement en Batman. La vie d’un super-héros est parfois super dure : j’ai pour délicate mission quatre tours à effectuer au volant de ce monstre…
Batmobile !
La RS3 LMS reprend en fait très peu d’éléments de la version de série. La caisse tout d’abord, hypertrophiée, a été revue en profondeur, et le toit bénéficie même d’une trappe, ceci afin de sortir en urgence un pilote si l’auto est bloquée sur le flanc suite à un tonneau. L’intérieur est un enchevêtrement de tubulures d’acier, un fait un arceau-cage devant, là encore, préserver l’habitacle en cas de choc violent. A cause de sa présence, se glisser dans le baquet du pilote implique d’ailleurs une certaine souplesse, mais fort heureusement, comme en F1, le volant se retire. Un sublime volant tout en carbone, bardé de boutons, pour communiquer avec les stands ou consulter divers paramètres de la voiture. J’ai beau reconnaître quelques éléments empruntés au modèle de série, comme les aérateurs circulaires mais aussi les poignées de porte ou encore le sélecteur de la boîte de vitesses automatique, je ne suis pas du tout dans un univers familier. Sanglé à fond dans le baquet, je fais corps avec ma machine, pied gauche calé sur un énorme repose-pied. Mon casque, doté d’un émetteur-récepteur, me permet de communiquer avec mon copilote, un instructeur chevronné du team Oreca.
Après l’inévitable briefing, il me donne enfin le signal pour appuyer sur le bouton « start engine » et déclencher les hostilités. Le moteur explose, mais sa sonorité plus aigüe n’a rien à voir avec le bon vieux 5 cylindres 2.5 turbo de 400 ch qui anime habituellement le modèle de série. Et pour cause… Justifié par une sombre histoire de réglementation, en lieu et place du « 5 pattes » Audi que j’affectionne tant, prend place un simple 4 cylindres 2.0 TFSI. Pas de quoi casser trois pattes à un canard me direz-vous, sauf que ce dernier est bien plus compact et léger. Mais il développe surtout 330 ch (à 7000 tr/mn), et ma spartiate RS3 LMS, dépouillée de tout élément de confort et même débarrassée de ses éléments insonorisants, ne pèse que 1100 kg. En clair, comparé au modèle de série, c’est un peu comme si on avait retiré un piano à queue du coffre ! Autre particularité, toujours liée à la réglementation : la transmission se fait ici sur les seules roues avant, et non pas sur les quatre roues, le quattro étant interdit. Diable : ils ont osé transformer « ma » Batmobile en une vulgaire brouette !
Vers l’infini et au-delà
Bien sûr, je quitte les stands sans dépasser les 50 km/h réglementaires, et le premier tour s’effectue à bonne allure, mais en conservant une bonne marge de sécurité. Primo, il s’agit de bien faire monter en température les pneus slick, sans quoi ma voiture va se comporter comme une savonnette au fond d’une baignoire humide. Autant dire, à éviter ! Deuxio, je dois trouver mes marques au volant de cette RS3 LMS très spéciale, et me remémorer les 3,8 km du tracé du circuit. Enfin, tercio… mon copilote me demande d’y aller mollo, ce qui vaut largement en argument le primo et le secondo ! Et il a bien raison mon copilote… Dès le premier freinage, avant d’attaquer la ligne droite interminable du « Mistral », je me rends compte à l’approche d’une épingle que je ralentis à peine. En fait, cette RS3 privée de toute assistance, réclame de « taper » dans les freins comme un bûcheron, en exerçant près de trois fois plus de pression sur la pédale qu’en temps normal. Ensuite, la direction ultra-directe réclame, elle aussi, un temps d’accoutumance. Précise comme un scalpel, elle tient plus du karting que de la voiture. Enfin, en lâchant la bride, je me rends compte que malgré la présence d’un 4 cylindres, cette RS3 pousse presque aussi fort que le modèle 5 cylindres de 400 ch. En clair, ce n’est pas vraiment du « mou de veau » qu’on vous sert, le 0 à 100 km/h étant couvert en 4,5 secondes, la vitesse maximale étant de l’ordre de 240 km/h.
Certes, la RS3 de route, proposée en « vente libre » dans le commerce fait encore bien mieux (0 à 100 km/h en 4,1 sec, vitesse maxi de 250 km/h, voire 280 km/h sans la bride), en offrant de surcroît infiniment plus de confort, mais sa petite sœur LMS la surclasse pourtant dans bien des domaines. Arrivé à plus de 230 km/h à la fin du Mistral, je rentre comme une balle dans le « S » très technique de Signes. Je pense juste être au début de la fin de ma vie, mais là, c’est la révélation ! La RS3 LMS vire à plat et offre un grip phénoménal, que même une R8 V10 ne peut proposer. Les passages en courbes sont hallucinants, semblables à ceux ressentis au volant d’une monoplace, rendant rapidement le pilotage très physique, avec cette sensation étrange que votre tête pèse 50 kg. On se retrouve vite en lutte avec la machine, et pourtant je dois m’estimer heureux, ma version d’essai n’étant pas équipée de la boîte séquentielle optionnelle à 6 rapports, mais d’une S-tronic facilitant la conduite ! Cela ne me dispense pas pour autant de passer manuellement les vitesses, mais ceci se fait naturellement et sans effort, les mains sur le volant, en tirant sur le palet de droite pour « monter » un rapport, et celui de gauche pour rétrograder.
D’ailleurs, pour enclencher les rapports au meilleur moment, un peu au-delà des 7000 tr/mn, un affichage digital comportant de petites leds rouges à allumage séquentiel (en approchant le rupteur) s’avère être une aide précieuse. L’autre point fort de cette voiture réside dans la puissance et l’endurance de ses freins. Tour après tour, je retarde au maximum mes freinages, en me demandant même si je ne vais pas finir par « allumer » les pneus et tirer tout droit. Que nenni ! Il suffit juste de freiner fort, de façon dégressive en élargissant sa trajectoire, puis de plonger sur le point de corde et de remettre les gaz, et ça passe tout seul ! J’ai beau augmenter le rythme tour après tour, je ne décèle pas le moindre louvoiement du châssis, et je sens que je suis encore loin, très loin, des limites de cette auto extraordinaire. Ici, les limites, c’est moi qui les trouve. Il ne fait aucun doute qu’avec une Audi RS de série, je me serais déjà fait peur, alors qu’avec cette RS3 LMS, j’ai le sentiment de pouvoir aller vers l’infini… et au-delà. Ca y est, je suis un super-héros ! Même pas… Vous vous en doutez, à cette allure là, les 4 tours « de manège » arrivent vite à terme, et il me faut déjà rentrer dans les stands, avant que les choses ne dégénèrent. Immobilisé devant mon box, je coupe le moteur et bien qu’assez fier de ma prestation, tout en restant lucide, je demande à mon pilote instructeur si j’étais encore loin de la limite. « Oui, avec de l’entraînement, tu pourrais passer près de 30 km/h plus vite ». Une manière polie de dire que je me traînais. Et oui, n’est pas Bruce Wayne, ni Walter Röhrl, qui veut…
L’avis d’Avus
Clairement, même si cette RS3 LMS n’a qu’un simple 4 cylindres sous le capot et qu’elle ne dispose pas du quattro, nous avons ici affaire à un « outil ». Cette RS3 concoctée par Audi sport a tout d’une grande ! C’est bien une véritable voiture de course qui étonne, non pas par ses performances, élevées mais sans plus, mais d’abord par sa capacité à passer très, très fort dans les virages, tout en offrant une agilité hors du commun et un freinage exceptionnel. Voilà assurément un beau jouet, très attachant, qui donne envie d’embrasser le monde magique de la compétition. Le tout proposé à un tarif plutôt bien calibré !
Caractéristiques techniques : Audi RS3 LMS, en bref
- Moteur 4 cyl. TFSI (turbo et inj directe), 16v
- Cylindrée 1984 cm3
- Puissance 330 ch
- Transmission roues avant
- Boîte S-tronic à 6 rapports (séquentielle en option)
- Freins 4 disques ventilés
- Poids 1100 kg
- 0 à 100 km/h 4,5 sec
- Vitesse maxi 240 km/h
On aime
- Look démentiel !
- Position de conduite
- Efficacité d’un autre monde
- Vraie voiture de course
On aime moins
- Performances un peu limitées
- Sonorité moins sympa que 5 cylindres !