Chez Audi, l’A7 Sportback est une auto vraiment atypique, semblable par sa forme à un coupé-berline. Très dynamique d’aspect, cette voiture luxueuse propose une autre idée du luxe, tout en mettant l’accent sur la sportivité. Attention : « sport is back » !
En bref
Première Audi A7 Sportback commercialisée en 2010
Modèle de coupé-berline inédit chez Audi
Seconde génération d’A7 annoncée pour février 2018
Site de production : Neckarsulm
Prix : 70 000 € environ (à partir de, estimation)
L’A7 Sportback, bien que marginale, a été un véritable succès dans le monde, puisqu’elle s’est écoulée à plus de 200 000 exemplaires. Pourtant, comparé aux Mercedes CLS et autres Porsche Panamera, ses rivales directes à travers les déclinaisons sportives S et RS (jusqu’à 605 ch !), l’A7 est restée relativement confidentielle sur notre marché. La faute, disons-le franchement, à Audi France, qui n’a pas jugé faire la moindre communication sur ce modèle en 8 ans de carrière. Espérons que cette seconde mouture connaisse un meilleur sort, car elle le vaut bien ! Pour ceux qui ne connaissent pas encore l’A7, disons que c’est une déclinaison plus luxueuse et sportive de l’A6, coiffée d’une carrosserie fast-back spécifique.
Sauf que cette seconde génération, bien que très proche en gabarit de sa devancière (4m97 de long, 1m91 de large et seulement 1m42 de haut), repose cette fois sur la plate-forme technique MHEV (Mild Hybrid System) de la nouvelle A8. L’A7 prend donc du galon, et cette montée en gamme s’accompagne donc d’une hybridation légère, via une électrification de 48V. Cela permet de récupérer de l’énergie au freinage, mais aussi de proposer un mode « roue libre » entre 55 et 160 km/h pour réduire la consommation de carburant. En outre, le système Stop&Start est désormais actif à partir de 22 km/h et il est couplé à la caméra frontale pour anticiper le mouvement du véhicule qui précède et pouvoir repartir au plus vite dans les bouchons. Une technologie qui, selon Audi, réduirait la consommation de 0,7 l/100 km. C’est toujours ça de pris à l’ennemi !
Enfin, l’adoption de cette plateforme inédite permet un gain de 2 cm au niveau de l’empattement (2m93), ceci au bénéfice des passagers arrière qui seront à l’aise, y compris au niveau de la garde au toit. Quant au coffre, toujours accessible par un hayon, il offre un volume de chargement record de 535 litres, et même 1390 litres banquette rabattue. Voilà qui est fort bien, mais même si les aspects pratiques sont à prendre en considération, l’A7 n’est pas un Berlingo, et ici, les premières motivations d’achat reposent d’abord sur l’envie de rouler dans une belle auto, au design fort et différent. Et si la robe de ce modèle de Grand Tourisme conserve la philosophie et les proportions de sa devancière, Marc Lichte, nouveau patron du style Audi, a revisité la voiture de fond en comble…
Les esthètes à la fête
Je vais être franc : même si cela reste subjectif, j’adorais (comme le reste de la rédaction !) le style sobre et « sans chichi » de la première A7. Une modèle de sobriété, agressif juste comme il fallait dans ses déclinaisons les plus méchantes (S7 et RS7), qui rendait un bel hommage appuyé à l’Audi 100 S Coupé qui fête cette année ses 50 ans. Ce clin d’œil était évident au niveau de la poupe, ornée de feux effleurants, parfaitement intégrés au pan tronqué. La nouvelle A7, même si elle hérite indéniablement de l’ADN de la pionnière au point de reprendre à son compte cette silhouette caractéristique et les mêmes volumes, n’a pas cette apparente simplicité. Perd-elle pour autant en élégance ? Un politique à la langue de bois (pléonasme !) vous dirait « à vous de juger ». Nous dirons plutôt qu’elle va vers plus d’agressivité, ce qui est dans l’air du temps, mais à trop multiplier les artifices, elle manque du coup d’un peu de sobriété.
La face avant prête moins le flanc à la critique, en s’inspirant là encore du concept Prologue dévoilé en 2014 (voir notre reportage sur le design). La calandre singleframe hexagonale s’est « étirée », et se trouve placée beaucoup plus bas, tant pour améliorer l’aérodynamisme que les tests « chocs piétons », toujours plus sévères. Les entrées d’air creusées dans le bouclier sont de plus en plus grosses, tandis que les phares cristallins, qui intègrent bien sûr la technologie Matrix LED, sont ciselés tels des diamants et offrent une signature lumineuse très harmonieuse, composée de multiples segments. Enfin, le capot strié par quatre nervures adopte le « power dôme » étrenné par la dernière A5. De profil, la différence est plus visible avec la disparition de la « tornado line », cette ligne qui court sur le flanc et s’enroule sous le projecteur. Marc Lichte a préféré muscler l’A7 en la dotant d’épaulements très marqués au niveau des passages de roue, un discret hommage à la mythique Audi Ur quattro. Et les plus observateurs remarqueront l’apparition d’un pli qui prolonge la custode arrière, afin de souligner le dynamisme de la ligne et accompagner le regard vers cet arrière fuyant.
L’arrière, justement, est, d’après nous, plus sujet à caution. Adieu sobriété, et bienvenue à un monde plus « techno » et tapageur, à travers un large bandeau lumineux qui se fond dans les feux, au point de couvrir toute la largeur de la voiture, comme sur certaines Porsche. Il faudra bien s’y faire, car ce sera à l’avenir la signature de tous les modèles haut de gamme de la marque. Accessoirement, sachez que ce bandeau effectue une véritable « séquence lumineuse » lorsque l’on ouvre ou verrouille la voiture, un cérémonial spectaculaire rendu possible par les progrès technologiques. Cela ne sert juste à rien, mais ce gadget pour le moins tapageur plaira probablement en Asie et au Moyen-Orient, continents où la retenue n’est pas une vertu !
Révolution intérieure
Si l’A7 Sportback, toujours produite à Neckarsulm, évolue sur la forme, elle le fait encore plus sur le fond. Cette fois, même les habitués vont avoir du mal à retrouver leurs marques, tant le tableau de bord a été entièrement repensé, et ce, jusqu’au moindre bouton. D’ailleurs, il n’y en a plus… de bouton ! Sur le modèle de la nouvelle A8, l’A7 fait sa révolution numérique, en adoptant bien entendu un cockpit virtuel de 12,3 pouces, devenu incontournable (mais de seconde génération pour une meilleure résolution), mais surtout un mobilier high-tech entièrement tactile et digital. L’ensemble est à l’image de la finition, juste sublime, et même si la technologie est commune à celle rencontrée sur la dernière A8 (voir notre essai en avant-première dans Avus n°42), l’A7 a heureusement pris soin de cultiver sa différence, en héritant d’une présentation bien plus sportive. Sur ce point, Audi marque un grand point, car le reproche que l’on pouvait objectivement faire à la première Sportback était bien son tableau de bord. Non pas qu’il faisait mauvaise impression – au contraire même, mais c’était un simple « copier-coller » de celui de l’A6, ce qui manquait singulièrement d’exclusivité !
Au centre de la planche de bord, sur la console centrale, un second écran de 10,1 pouces de diagonale (25,65 cm) recèle les menus et l’interface multimédia, et juste en dessous, une troisième dalle numérique de 8,6 pouces de diagonale (21,84 cm) remplace les traditionnelles mollettes et boutons du système MMI. Il sert à la saisie de chiffres ou de lettres pour le GPS ou le téléphone. Cela se fait intuitivement de manière tactile, mais avec un matériel haptique très réactif, qui revoie une vibration dans les doigts, ce qui permet de « sentir » que l’opération a bien été validée, sans quitter la route des yeux. D’ailleurs, tout ceci est complété par un système d’affichage tête haute, qui projette dans le pare-brise les informations essentielles à la conduite. Et pour ceux qui ne veulent pas laisser de disgracieuses traces de doigts sur cette forêt d’écrans, des commandes vocales viennent à la rescousse. Elles s’appuient sur des informations stockées dans le système de bord, ou également disponibles via un Cloud. Hyper-connectée, l’A7 Sportback vit avec son temps.
Auto… nome ?
Résumons : cette nouvelle A7 est donc assez jolie, plus agressive d’aspect, toujours tournée vers le conducteur bien que bardée d’écrans tactiles, mais c’est aussi une auto plus… autonome. Pour ne pas bousculer la hiérarchie et laisser à l’A8 l’apanage d’une conduite autonome de niveau 3 (qu’elle est pour l’instant la seule à proposer sur son segment), la nouvelle A7 doit se contenter de seulement … 39 aides à la conduite. Citons entre autres, un stationnement entièrement automatique, sans conducteur à bord, puisqu’il peut garer l’auto via son smartphone. Selon le niveau d’équipement, il y a jusqu’à 5 radars, 5 caméras, 12 capteurs à ultrason et même un scanner laser. Un arsenal indispensable pour ne pas « restyler » malencontreusement la plastique de votre belle A7 contre un pilier lorsque qu’elle prendra place, toute seule, dans votre parking !
Et elle aura de quoi sérieusement abimer au passage un mur porteur, puisqu’elle va débuter sa carrière en embarquant un puissant V6 3.0 TFSI de 340 ch, délivrant le couple confortable de 500 Nm. Des valeurs qui permettent à cette A7 Sportback 55 TFSI (pour respecter la nouvelle nomenclature) de couvrir le 0 à 100 km/h en 5,3 secondes, la vitesse maximale étant comme d’habitude bridée à 250 km/h. Un modèle promis à la confidentialité chez nous, puisque malgré une consommation flatteuse annoncée à seulement 6,8 l/100 km (humour allemand !), cette A7 rejetant 154 g de C02 au kilomètre va être méchamment « malussée ». Plus représentatif de notre parc est le sobre et performant V6 3.0 diesel de 286 ch, annoncé pour un peu plus tard. En attendant d’autres versions, dont une hybride rechargeable e-tron et les déclinaisons S7 et RS7, il fera à n’en pas douter de cette A7 50 TDI la star des ventes hexagonales, et ce, malgré un tarif que l’on devine comme déjà bien « velu ». Audi annonce un prix de départ fixé à 67 800 € pour la 55 TFSI proposée sur le marché allemand. Une somme qui devrait en fait plutôt tutoyer les 70 000 € en France, les autos étant traditionnellement toujours un peu mieux équipées. Réponse en février prochain, lorsque la nouvelle A7 Sportback arrivera sur notre marché…
L’avis d’Avus
La nouvelle A7 Sportback n’a pas la sobriété et l’élégance naturelle de la première mouture, qui reste d’après nous un « must » du design, mais elle compense en offrant plus d’agressivité, et un intérieur révolutionnaire luxueux et très high-tech, qui se pose d’ores et déjà comme une nouvelle référence. Nul doute que cette A7, plus « jet set » sur la forme, devrait trouver rapidement son public aux USA, en Asie et au Moyen-Orient…
Technique A7 Sportback « Mk2 », en bref
Moteur : V6 3.0 TFSI 340 ch ou TDI 286 ch
Couple (TFSI) : 500 Nm
Performances (TFSI) : 0 à 100 km/h en 5,3 sec
Vitesse maxi : 250 km/h (autolimitée)
Dimensions (L x l x h) en m : 4,97 x 1,91 x 1,42
Empattement (en m) : 2,93
Coffre (dm3) : de 535 à 1390 dm3 selon configuration
Prix (Allemagne) : 67 800 € (à partir de)
Les alternatives
Porsche Panamera
Porsche a fraîchement renouvelé son coupé-berline Panamera l’an passé. La première mouture était une vraie réussite technologique (agrément mécanique, performances, qualités dynamiques, finition…) mais franchement moche. Cette seconde génération bétonne les atouts de sa devancière, ajoute une planche de bord épurée, et se montre de surcroît enfin belle. Voire sublime en version « break », inédite sur ce modèle. A n’en pas douter, la Panamera qui offre déjà une gamme de moteur complète est la plus sérieuse rivale de l’A7. A partir de 93 407 €.
Mercedes CLS
Rendons à Mercedes ce qui est à Mercedes, car c’est bien la sculpturale CLS qui a lancé la mode actuelle des coupés-berlines. Cette 2ème génération lancée en 2010 n’a plus l’élégance de la première mouture, mais elle propose depuis 2012 une déclinaison « Shooting Brake » très désirable. Désirable, mais déjà un peu vieillotte… Reste pour elle une offre moteur séduisante, comprenant une méchante 63 AMG S de 585 ch ! A partir de 73 100 €