Audi RS4 2018, Breakdance
Si pour vous un break est forcément une « voiture à papa » cantonnée aux transports de troupes, alors il va falloir vous faire une idée neuve. La preuve avec le retour de la sulfureuse RS4, un break ultra-sportif de légende…
Cela fait près de 20 ans que la RS4 fait office d’électron libre dans le parc automobile. Pensez donc, le plaisir indescriptible que peut ressentir l’heureux possesseur d’un tel engin aux allures de paisible familiale pouvant, d’une simple petite flexion du pied droit, humilier une puissante GT. Le break sportif est un genre rare en automobile, initié en 1994 avec l’éphémère RS2 construite conjointement avec Porsche, un modèle « culte » depuis très recherchée par les collectionneurs. Aujourd’hui, Audi n’a besoin de personne pour concevoir ses modèles sportifs. La preuve par l’image avec cette 4ème et ultime RS4, dévoilée fraîchement en septembre au dernier salon de Francfort. Comme on pouvait malheureusement s’y attendre, le sublime V8 Audi est passé à la trappe, sacrifié sur l’autel des normes antipollution. A la place, il reçoit un tout nouveau V6 2.9 biturbo, forcément bien plus compact et efficient. Ce bloc en alliage, étrenné fraîchement par la nouvelle RS5 (voir notre essai), ne joue pas, contre toute-attente, la course à la puissance puisqu’il développe tout juste 450 ch, soit exactement la puissance de la génération précédente. Faut-il le regretter ? Non, car les chiffres parlent pour lui.
Ce nouveau moteur couplé à une boîte Tiptronic à 8 rapports affiche 600 Nm de couple, soit 170 Nm de plus que l’ancien V8, et ce, sur une large plage (de 1900 à 5000 tr/mn). Grâce à ces progrès technologiques notables, combinés à un allégement sensible de 80 kg (1790 kg), les consommations moyennes baissent de 17% (8,8 l/100 km – 199 g de CO2/km), tandis que les performances de ce break progressent encore. Comptez seulement 4,1 secondes pour parcourir l’exercice du 0 à 100 km/h, tandis que la vitesse maxi est bridée électroniquement à 250 km/h. Les gourmands, qui en veulent un peu plus, pourront toujours cocher l’option « pack dynamique RS » pour relever la bride à 280 km/h. D’ailleurs, si la transmission intégrale quattro ou le « drive select » permettant de régler la voiture à la carte sont bien livrés de série, de nombreuses options malheureusement « obligatoires », améliorant grandement l’efficacité et l’agrément de conduite, seront à sélectionner. C’est le cas des freins en carbone-céramique, utiles pour gagner encore quelques kilos (mais aussi en endurance), mais aussi de l’amortissement piloté Dynamic Ride Control, recommandé pour juguler le roulis, ou encore du différentiel sport arrière, permettant de gagner en agilité en enroulant mieux les virages.
Pour aider à se faire pardonner, la RS4 se rattrape en affichant un grand méchant look, digne de ses devancières. Les ailes sont bien bombées, façon Ur quattro (+30 mm), et l’auto apparaît comme surbaissée en adoptant d’office des suspensions RS sport (- 7 mm), tandis que l’ensemble repose sur de belles jantes en alliage de 19 pouces. Là encore, ceux qui en voudront un peu plus pourront piocher dans le vaste catalogue des options (jantes de 20 pouces au maximum). Afin de privilégier l’efficacité à haute vitesse, un gros travail a été effectué au niveau de l’aérodynamique, l’avant étant transfiguré en recevant une calandre noire à nid d’abeille et surtout un bouclier largement évasé par une paire de gros « naseaux » placés sur les côtés. L’arrière intègre quant à lui un diffuseur d’air et deux grosses sorties d’échappement ovales. Pour rendre hommage à la RS2, on aurait bien vu un bandeau rouge cristallin occuper toute la largeur du hayon, jusque dans les feux. Mais Audi adresse tout de même un beau clin d’œil en rééditant, enfin, le fameux « bleu Nogaro » caractéristique qui a tant fait pour la renommée de la pionnière.
L’intérieur de cette A4 très spéciale, tiré à… 4 épingles, brille par sa présentation irréprochable mêlant luxe et sportivité. De nombreuses pièces spécifiques sont discrètement siglées « RS », et le cockpit virtuel, lui aussi repensé pour l’occasion (avec indicateur de « G », pression des pneus et de couple…) et bien du voyage. Pour gagner encore en exclusivité, Audi propose de sublimes sièges en cuir matelassé surpiqué, mais aussi de nombreux pack de personnalisation alliant à l’intérieur des inserts noir brillant et du carbone, du carbone et de l’aluminium ou encore du carbone et de l’aluminium noir. Evidemment, à force de cocher toutes ces options « qui vont bien », le prix de base fixé à 84 700 € pour la France va devenir très théorique. Car en comptant un malus maximum porté à 10 000 €, la nouvelle RS4 « B9 » va plutôt flirter, dans la vraie vie, avec les 100 000 €…
L’alternative : Mercedes C63 S AMG
BMW ne proposant sa polyvalente M3 qu’en berline (et en coupé « M4 »), la seule alternative du marché se limite à la Mercedes C63 S AMG. Disponible en berline et en break, elle reçoit un fabuleux V8 4.0 biturbo de 510 ch, mais demeure une simple propulsion, assez survireuse sur sol gras. Les performances sont élevées (0 à 100 km/h en 4,8 sec -290 km/h), tout comme le prix (à partir de 97 150 €)…
Généalogie Audi RS4
Audi RS2 : l’inspiratrice
Ferdinand Piëch, a la tête d’Audi depuis le milieu des années 70, souhaite réitérer le « coup » de la géniale quattro. Il imagine lancer une Audi presque aussi révolutionnaire, mais développée cette fois à partir de la nouvelle Audi 80 « Type B4 » lancée en 1991. Mais pas en berline, mais en variante break (Avant chez Audi), chose complètement incongrue pour l’époque ! Après tout, la passion est faite pour être partagée, non ? C’est ainsi que les ingénieurs d’Audi, mais aussi de Porsche sont sollicités, pour mettre leurs compétences en commun. Cela va donner l’improbable RS2, dotée d’un volcanique 5 cylindres 2.2 litres « turbo » 20 soupapes développé jadis pour la mythique quattro. Sauf que d’une puissance déjà confortable de 220 ch (en 1991), Porsche parvient à en tirer 315 ch grâce à l’adoption d’un plus gros turbo, mais aussi avec le renfort d’une admission retravaillée (avec un arbre à came spécifique), sans oublier une injection optimisée et la pose d’un refroidissement majoré. Bien que produite de 1994 à 1995 à seulement 2891exemplaires, l’exclusive RS2 reste dans tous les esprits en étant le premier break « RS » de l’histoire d’Audi. Une saga qui se poursuit sur les chapeaux de roues depuis 1999 avec la RS4, héritière directe de la RS2…
RS4 « Mk1 » (Type B5)
Sortie en 1999, la RS4 « B5 » a fait fort avec son V6 biturbo de 380 ch, presque aussi puissant qu’un V8 de Ferrari Modena ! Cette RS4 cumule les aspects « historiques » : c’est la première d’une lignée devenue culte, elle dispose d’un vrai look bodybuildé et son V6 d’anthologie, signé Cosworth, est hallucinant en performance et fiabilité ! Une belle RS4 de 100 000 km s’affiche à 25-30 000 €, et sa valeur est en hausse légère mais constante. Assurément une Audi qui va prendre de la valeur !
RS4 « Mk2 » (Type B7)
Lancée durant l’été 2006, la seconde génération de RS4 casse les codes. Non seulement elle gagne un V8 4.2 FSI 100% Audi (420 ch) et une suspension pilotée, mais elle offre ses services à travers 3 carrosseries distinctes. On retrouve l’incontournable break Avant, mais aussi une berline et même un rare cabriolet, vendus à seulement 22 unités en France. Autant dire un collector en puissance !
RS4 « Mk3 » (type B8)
Cette RS4 de 3ème génération (type B8) proposée qu’en break Avant hérite du V8 4.2 atmosphérique de 450 ch de la première RS5. Autant dire un chef d’œuvre en péril, ce bloc étant depuis retiré, condamné par les normes antipollution. Actuellement sur le marché de l’occasion, cette RS4 voit ses prix baisser (comptez 50 000 € pour un modèle de 60 000 km). Cette tendance va s’accentuer fortement dans les années à venir avec le lancement imminent de la 4ème génération. Profitez-en : c’est la dernière disponible en V8 !
Passionné de la marque aux anneaux depuis LA Quattro, et heureux possesseur d’une S3 225ch de 2002 et d’une RS3 367ch de 2016 (après une longue série de A3 , S3 et RS3 depuis 1997..), j’étais bien sûr un abonné de la 1 ère heure de AVUS quand la source de plaisir automobile mensuel s’est tarie brutalement. Après quelques recherches restées vaines, je m’étais résigné à cette disparition inexpliquée et je ne peux que me réabonner au plus vite pour retrouver mon magazine tant attendu en lui souhaitant « longue vie ».
Cyril