Design Audi Aicon, Watt else ?
Il est acté que, pour les pouvoirs publics, le danger sur la route reste le conducteur. En partant de ce constat, la machine va peu à peu prendre le pouvoir sur l’humain, qui sera réduit au rôle de simple passager. Cette avant-gardiste Audi Aicon 100% électrique et autonome ne vous laissera guère d’autre choix…
En bref
Concept de voiture 100% autonome
Préfigure l’Audi de « demain »
Moteur 100% électrique de 260 kW
Autonomie de 800 km
Je vais peut-être passer pour un vieux « réac’ », mais oui, c’était mieux avant. Avant, on était libre de rouler à sa main, sans entrave pesante, à mille lieux de ressentir cette culpabilité sous-jacente et croissante de n’être considéré par les « bien pensants » que comme un « délinquant routier » potentiel et de ne pas adopter une « conduite citoyenne », ce qui est forcément néfaste pour les ours polaires et la banquise. Et avant, figurez-vous qu’on passait un truc à l’âge adulte qui s’appelait le « permis de conduire », pour voir si vous aviez, ou non, les aptitudes à prendre le volant d’une automobile. Les choses étaient simples : vous l’aviez « à vie » tant que vous ne commettiez pas une grosse faute, et on vous le retirait légitimement en cas de grave délit. Et avant, les voitures, c’était quelque chose ! La bagnole avait une vraie gueule, avec une identité et du chrome, et elle en avait sous le capot. Devant un verre, au café du coin, on causait chevaux, cylindrée, moyenne sur tel itinéraire et certainement pas rejets de CO2, vignette de la qualité de l’air ou même autonomie pour recharger sur une borne, comme un vulgaire aspirateur.
Je suis heureux d’avoir connu et profité de « l’ancien monde », celui du piston et du moteur à explosion, et j’espère ne pas (trop) connaître celui qu’on nous réserve, où tout sera automatisé. Et que l’on va, soyez-en sûr, nous imposer peu à peu pour « notre bien et celui de la planète ». Car si les prochains textes de lois ne sont pas encore au point, la technologie, elle, est d’ores et déjà prête. La preuve avec ce concept « Aicon », encore plus évolué qu’Elaine (voir nos actus). Avec cet engin, Audi ne fait que suivre le sens de l’histoire, qui interdira, tôt ou tard, d’utiliser un véhicule à pétrole dépourvu de système de conduite autonome. En cela, difficile de formuler la moindre critique à l’égard du constructeur, la concurrence travaillant sur des projets similaires.
Le code a changé
Côté style, difficile d’y voir une Audi, même si les designers se sont attachés à respecter certains codes, notamment les passages de roue bombés. Cela permet d’évoquer l’ancêtre Ur quattro et de suggérer que cette voiture du future dispose bien d’une transmission intégrale. Longue (5m44), large (2m10) mais assez haute (1m50), le dessin de l’Aicon converge vers l’habitacle, sa longue surface vitrée, élargie au niveau de portes à ouverture antagoniste, contribuant à accrocher votre regard dans ce sens. L’avant au capot très court reçoit une calandre Singleframe flanquée d’anneaux rétro-éclairés, mais surtout des phares d’un genre nouveau fondus dans la masse, procurant à la voiture une identité visuelle forte… mais variant selon les circonstances !
Cet éclairage d’un nouveau genre, adaptatif et évolutif, à intensité variable s’il vous-plaît, est composé de centaines de segments triangulaires à effet tridimensionnel. Il change d’aspect en fonction de son environnement, au point d’avertir par exemple des piétons de l’arrivée imminente de la voiture pour éviter toute collision. Sage précaution, car cette véritable véranda posée sur d’énormes roues de 26 pouces est, bien entendu, 100% électrique, donc parfaitement silencieuse.
Intelligence Artificielle
L’Aicon demeure néanmoins une authentique quattro, mais là encore d’un genre nouveau, chaque roue renfermant indépendamment un moteur électrique, pouvant délivrer 260 kW en puissance cumulée (et 550 Nm de couple). Ce choix technologique autorise une architecture inédite, permettant de se débarrasser d’un encombrant tunnel de transmission au profit d’un plancher « sandwich » renfermant les batteries. Cela profite bien sûr à l’habitacle, qui s’étire sur quelques 3m47 de long au niveau de l’empattement. Cela ne vous parle pas ? Et bien, sachez que c’est 24 mm de plus qu’à bord d’une A8 L (limousine) ! Mais contrairement à une A8 L, les meilleures places ne seront pas nécessairement à l’arrière, puisque l’Aicon est entièrement dévolue au transport des passagers. D’ailleurs, Audi est allé jusqu’à… supprimer le tableau de bord, le volant et les pédales, cette voiture étant totalement autonome. Un choix radical qui ne plaira pas à tout le monde… à commencer par nous ! Où est l’essentiel, c’est-à-dire le plaisir de conduire ?
Pour compenser cette « lacune » et aider à passer le temps, cet engin propose un bouquet d’activités au point de se transformer en un salon roulant… ou bureau. Les deux grands sièges individuels avant, fixés à des plateformes indépendantes qui coulissent sur le plancher, peuvent ainsi reculer de 50 mm, et même pivoter sur les côtés pour faciliter l’accès au véhicule. Hyper-connectée, cette voiture « de rêve » dispose d’un vaste écran central placé sous le pare-brise, pour visionner vos films ou faire une visioconférence, le toit vitré pouvant s’obscurcir à la demande afin de gagner en intimité. Entre alors en scène de nombreuses lumières d’ambiance, assurées par des LED, pour personnaliser ce cocon en fonction de votre humeur. D’ailleurs, cela se fera automatiquement dans la mesure où l’assistant personnel de la voiture saura précisément qui monte à bord, en détectant la présence de votre téléphone portable, en effectuer en conséquence vos réglages préférés.
Il est vraiment dommage qu’il n’y ait pas la possibilité de prendre à un moment ou un autre les commandes, car l’Aicon dispose de 4 roues directrices, mais aussi d’un amortissement piloté adaptatif, gage de dynamisme et de confort. Sans préciser la nature exacte de ses batteries, Audi annonce une autonomie qui laisse rêveur, de l’ordre de plus de 800 km avec une seule charge. La voiture pourra effectuer le « plein » par induction en se garant, d’elle-même, sur des places équipées, et recharger près de 80% de ses batteries en 30 minutes environ. L’histoire ne dit pas si elle vous sert un petit café entre-temps…
L’avis d’Avus
Si on salue la performance technologique, digne d’une démonstration de force, cette voiture de « geek » est en revanche, d’après nous, plutôt un cauchemar roulant qu’un doux rêve. Pour la première fois, Audi ose franchir le Rubicon en confiant la conduite, non plus à l’homme, mais à un ordinateur surpuissant. Si cette conduite totalement autonome peut être intéressante dans les bouchons, où lorsque l’on est fatigué, il ne faut pas perdre de vue que conduire reste un plaisir essentiel, assez terre à terre, très « humain » finalement. D’ailleurs, cela me fait penser à un pilote de ligne qui vole sur A380, une merveille technologique où tout est automatisé et qui file, dès que son emploi du temps le permet, dans le cockpit de son rustique planeur, pour renouer avec les fondamentaux… et la joie de piloter. Enfin, accessoirement, ce type d’auto autonome soulève un tas de questions que le législateur devra trancher. En cas d’accident (car il y en aura malgré tout de temps à autres), qui sera responsable ? Le conducteur, le propriétaire, l’exploitant du réseau, le fournisseur des logiciels ou le constructeur ? Voilà un vaste débat, qui n’est pas près d’être tranché !